Un beau ténébreux chez les nevi’im

Résumé

« Un beau ténébreux » : cette expression tirée d’un roman de Julien Gracq est particulièrement appropriée, il me semble, pour qualifier Leonard Cohen, ce dandy élégant, désabusé et romantique, dont la silhouette coiffée d’un fedora déambule dans l’imaginaire contemporain depuis plusieurs décennies, traversant les continents, les cultures et les générations. Tantôt marchand de rêves à la voix smoothy, tantôt ascète en quête d’élévation spirituelle, Cohen est l’auteur d’un répertoire musical et poétique à nul autre pareil, qui valorise la polyphonie des voix tout autant que l’intertextualité et la réécriture. Ponctuées de références au judaïsme, faisant écho aux tourments de l’homme moderne en proie à l’abandon et à la solitude, les chansons de Cohen s’apparentent à un véritable palimpseste derrière lequel s’entrecroisent plusieurs influences et se tissent diverses mémoires.